Cours de Philosophie/Terminale A : Droit et Justice

Justice et charité

Fondamental

Une distinction traditionnelle existe entre la justice et la charité. Alors que la justice instaure un système de droits et de devoirs réciproques, définissant ainsi les relations entre les hommes, la charité quant à elle, est amour du prochain, impliquant le don de soi et le désintéressement absolu. Si la justice conserve, régule et régularise les échanges, la charité quant à elle vise une communauté de personnes à travers l'amour d'autrui. C'est dans ce même ordre d'idées que Madinier nous rappelle : « tandis que la justice consiste à donner à autrui ce qui est à lui, la charité consiste à donner ce qui est à soi. » On distingue la justice de la charité en prenant la justice comme ce qui préserve un ordre social et la charité se propose de prendre autrui pour fin. Dans ce sens, pendant que le principe de justice dit ''ne fait pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fit ‘' et  la charité, quant à elle, stipule que'' fait à autrui ce que tu voudrais qu'il te fit.'' Ainsi la charité transcenderait la justice dans la mesure où elle va au-delà du droit. Est-ce à dire que la charité est facultative ?

Certains répondent par l'affirmative en se référant à la gratuité de la charité. Parlant de la distinction entre la justice et la charité, il convient toutefois d'émettre certaines réserves. Tout d'abord, l'idée d'une justice limitée au strict respect de l'ordre établi peut apparaître comme une conception fausse car on confondrait alors la justice à la légalité. Or ce qui est légal peut être moralement injuste. C'est pourquoi la véritable justice devrait permettre de critiquer les lois et de les améliorer.

On reproche aussi à la charité d'être partiale et partielle : partiale parce que le donateur jugeant son acte facultatif et gratuit fait comme bon lui semble en accordant sa charité à certains et en la refusant à d'autres; partielle parce que l'initiative charitable atteint seulement des personnes isolées mais ne transforme pas une structure collective. Elle est donc conjoncturelle.

En réalité, la charité ne serait que le sentiment d'une exigence de justice : par exemple, faire l'aumône à un pauvre, c'est reconnaître en même temps qu'il a droit à certains privilèges dont il manque. Ainsi, l'acte qui se veut charitable n'a de valeur que s'il est inspiré par l'idéal de justice.

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