Cours de Philosophie/Terminale A : Droit et Justice

La justice et le principe d'égalité

Fondamental

Le principe d'égalité constitue le fondement et l'expression de la justice dans la société. Nous crions à l'injustice, quand un partage, un traitement ou une reconnaissance sont inégalitaires. La justice se définit donc par l'égalité, symbolisée par l'équilibre de la balance. Aristote (384 av. J.-C.- 322 av. J.-C.) est le premier penseur à définir la justice par le principe d'égalité. Il distingue la justice commutative, distributive et corrective.

  • La justice commutative considère d'abord les individus comme étant égaux. Ainsi, quand deux personnes sont en situation d'échange, l'égalité recherchée à travers les termes échangés vient confirmer l'égalité des personnes qui échangent. De plus, la justice commutative considère que les objets échangés doivent avoir des valeurs égales. Par exemple, on peut échanger un sac de maïs contre un sac de mil quand on considère que les deux sacs ont la même valeur. C'est parce que chacun d'eux a les mêmes droits qu'aucun des échangeurs ne doit être lésé. La justice commutative serait donc l'idéal si elle ne basculait pas dans l'égalitarisme. Ainsi, elle ne convient pas totalement aux hommes ou du moins, elle est difficilement applicable dans la réalité et dans les faits. Car l'expérience nous montre qu'il est difficile d'obtenir un équilibre mathématique entre les hommes ou les objets en rapport. En effet, la quantité d'un objet n'a rien à avoir avec sa qualité. La justice commutative voudrait qu'il ait la même quantité et la même qualité. Or la qualité relève du sentiment, de la subjectivité tandis que la quantité relève de la mesure donc de l'objectivité.

  • La justice distributive concerne la répartition des biens et des honneurs entre les membres de la cité. Ici, la justice ne consiste pas à donner à chacun la même chose, car il faut tenir compte du mérite. Alors, l'égalité n'est pas arithmétique, c'est-à-dire la même pour tous, mais géométrique, car elle implique des rapports de proportion, c'est-à-dire à chacun selon son mérite.

  • La justice corrective concerne les transactions privées volontaire (les ventes et les achats par exemple) et involontaires (comme les crimes et les délits). Elle obéit à une égalité arithmétique stricte qui considère que l'homme lésé qu'il soit puissant ou misérable, le rôle de la justice est de rétablir l'égalité en versant des intérêts de même valeur que le dommage, comme s'il s'agissait de biens échangés dans l'acte de vente.

Il convient de noter que l'égalité exigée par la justice n'est pas une égalité de fait mais une égalité de droit. En effet, personne ne peut soutenir que les hommes sont égaux en fait. Car aux inégalités naturelles de force ou d'aptitude s'ajoutent les inégalités sociales de richesse ou de culture. Pourtant, la justice exige que les hommes soient égaux en droit, c'est-à-dire que malgré les inégalités de faits, ils aient droit à une égale reconnaissance de leur dignité. C'est ce que Rousseau défend dans le Contrat social. Pour lui, un État n'est juste et légitime que s'il garantit à ses citoyens le respect de ce qui fonde la dignité humaine, à savoir la liberté.

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